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Salut à vous,

Cette semaine, j’avais besoin d’écrire et de m’exprimer sur la situation actuelle. Pour mon moral, il fallait que je mette des mots sur mon ressenti. Je ne sais pas si cet écrit aura vraiment du sens, mais vous savez que j’ai souvent besoin de vous parler de cette manière-là. Un peu brouillon, et avec mon cœur. Je pense que c’est le moment idéal pour le faire.

Mon ressenti

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18 mois de PVT

Le 20 mars dernier, on fêtait nos 18 mois en PVT au Canada. 18 mois à découvrir le Québec, à vivre à Montréal, à apprécier notre nouvelle vie ici. C’est bizarre de se dire qu’il nous reste seulement 6 mois ici. Les 18 mois sont passés à une vitesse éclair, mais c’est tout aussi fou de se dire à quel point ils ont tout changé. Notre vision des choses, notre quotidien et surtout nous. J’en ai déjà parlé, une expatriation, c’est une expérience sans précédent. Je pense qu’il faut être prêt pour la vivre aussi, sinon on risque de ne pas l’apprécier pleinement. Tout s’est plutôt bien passé pour nous, on a eu de la chance d’avoir le visa, puis un appartement, puis le visa conjoint de fait, un travail, deux travails, la famille qui vient nous voir. On s’épanouit dans cette vie, à tel point qu’un retour en France nous paraît compliqué, on a peur de ne plus savoir comment ça se passe et d’être trop différents parfois. Puis, il y a eu l’annonce de cette maladie qui a ravagé le monde entier, et ça change tous les plans que nous avions en tête. 

Quand on est dans un endroit avec une date limite, on a envie de profiter à fond avant de repartir. On s’imaginait déjà les activités estivales à Montréal, nos journées au parc, retourner voir Ottawa, aller à New York, puis se rendre à Disneyworld. On ajoutait pleins de choses à la liste « à faire avant de rentrer » en se disant qu’on le ferait bien évidemment. Petit à petit, on retire des choses de cette liste en se disant que finalement, on n’aura pas le temps ou que ça ne sera pas possible avec la situation actuelle. C’est assez frustrant, car nous avons travaillé pendant 2 ans, on a bien profité bien sûr, mais on s’était gardé des trucs à faire une fois qu’on aurait bien pu mettre de côté. Et finalement, on ne fera sûrement rien de tout ça.

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Le confinement

Il y a des jours où j’arrive vachement à relativiser, et d’autres où je panique en pensant à la fin de notre expatriation. Je vois certains d’entre nous prendre un avion pour rentrer en France, plus la situation avance et plus je vois des personnes rentrer. Je me remets donc en question à me demander si moi aussi, je devrais rentrer chez moi auprès de ma famille, mais j’en arrive toujours à la même conclusion. Je ne peux pas abandonner ce projet. On a mis un an à le préparer, dès le départ, on savait que l’on souhaitait avoir la résidence permanente au cas où. Et si on ne se sentait plus à notre place en France ? Si on ne trouvait plus d’endroit qui ressemble à chez nous, si tout simplement Montréal était devenu l’endroit où l’on voulait être et revenir. J’ai toujours envie de rentrer en France après notre PVT même si ça me fait très peur, mais j’ai aussi envie de garder ma chance de revenir.

Pour le reste, je me rassure beaucoup. Un retour en France impliquait trop de choses. J’ai encore mon travail, un appartement entier avec des souvenirs accumulés pendant 18 mois, et surtout cette résidence permanente qui passe à la trappe si on quitte le territoire. Je n’arrivais même pas à réfléchir, car au début, j’avoue que, comme tout le monde, je n’évaluais pas totalement la situation. Même, en pensant au confinement, je me disais que de toute façon, j’étais chez moi ici et pas seulement en vacances. Puis, j’ai trouvé la réponse. Je ne vais pas rentrer, même si ma famille me manque, même si j’ai peur. 

Tout d’abord, car même si je rentrais, je ne pourrais pas les voir, car je serais moi aussi en confinement obligatoire. Et ensuite, car j’aurais pu être asymptomatique et contaminer plein de monde entre le métro de Montréal, l’aéroport de Paris, celui de Lyon et mes proches dans la voiture. Ne vous y méprenez pas, bien sûr que j’aurais voulu plus que tout serrer ma famille dans mes bras, et profiter de ce confinement pour être avec ma sœur que je n’ai pas vu que 3 fois en 18 mois.

Mais j’ai préféré être responsable et surtout essayer de me battre pour ma place ici.

Rester chez soi et voir partir en fumé ces derniers mois de PVT, c’est aussi ultra frustrant. On a envie que le temps s’arrête, on aimerait mettre pause et crier qu’on n’est pas responsable et qu’il faut nous les rendre. Pour le moment, rien n’a été annoncé pour les pvtistes dans notre situation alors on attend dans le flou total. Espérant au fond, qu’ils sauront reconnaître notre motivation et notre amour pour leur pays qui est devenu le nôtre aussi.

confinement lit

Il y a des jours avec et des jours sans. J’ai beau relativiser et me dire que j’ai encore mon emploi. Ça ne rend pas toujours les choses plus faciles. C’est normal d’avoir des jours où on a envie de s’enfouir sous la couette et ne pas se lever. C’est normal, car on n’est pas censé rester enfermé comme cela et qu’on n’a jamais connu cette situation. C’est normal et c’est ok de l’être. On a le droit d’être triste, de ne pas être motivé, d’être fatigué et d’avoir envie d’aller dehors. On subit le ralentissement, mais on n’en est pas responsable. Je suis ultra reconnaissante d’avoir mon copain avec moi pendant cette période. Je ne peux qu’imaginer à quel point c’est dur d’être seul. Si vous en avez besoin, on peut discuter ensemble ici ou sur Instagram.

L’image parfaite

On n’est pas obligé de faire du sport, de faire 3 gâteaux, 2 tartes et 6 bons plats, ni d’être ultra productif tous les jours. Les premiers temps, j’ai voulu l’être. J’ai voulu combiner miracle morning, travail et sport. Mais, j’ai vite ressenti le besoin de ralentir et de trouver le bon rythme. Je continue quand même à me lever plus tôt. Cependant, si je n’y arrive pas, je ne me frustre pas et je me dis que c’est ok. Le sport m’aide énormément à me défouler et à me vider la tête après le travail donc c’est quelque chose qui fonctionne pour moi. Si ce n’est pas votre cas, ce n’est pas grave. Chacun vit le confinement différemment. Certains sont positifs tous les jours, font 10 000 trucs, et d’autres préfèrent traîner sous la couette devant Netflix. On peut faire les deux sans avoir à culpabiliser. On s’adapte tous à la période comme on peut.

J’avais beaucoup de mal à poster ou à aller sur les réseaux sociaux au début, car il y avait trop de tout. On entendait parler du Corona partout et j’avais peur de ne pas avoir les bonnes informations. Puis, il y avait trop de contenu, trop de personnes qui faisait comme si la situation était normale et je n’arrivais plus à m’identifier là-dedans. C’étaient vraiment des sentiments contraires, et j’ai fini par me rassurer en me disant que ce n’était pas grave. Je publie lorsque j’en ai envie et pas par obligation. Ducoup, ça m’a fait un bien fou de revenir sur le blog et un peu plus régulièrement sur Instagram et d’en parler avec vous. J’avais besoin de discuter de la situation, et c’est pour cela que je l’écris aujourd’hui.

C’est difficile de ne pas pouvoir sortir, mais d’un autre côté, j’ai la boule au ventre à chaque fois qu’il faut aller faire les courses. Voir tout le monde masqué, et devoir garder toute cette distance, ça me fait un peu peur. Car je n’ai pas de masque, ni de gants de mon côté et parce que je me demande toujours quels sont les risques.

courses

On se regarde tous lorsque l’on fait les courses avec un regard qui veut dire « c’est bizarre cette situation non? ». On essaye de ne pas se croiser dans les rayons et finalement, on en rit quand l’un de nous doit reculer. C’est comme cela désormais, chaque sortie nous rend heureux même lorsque c’est seulement pour sortir la poubelle, car on va pouvoir prendre l’air même si c’est pendant 2 min seulement. Les rues semblent abandonnées, beaucoup d’ordures sur les trottoirs, des gants en plastiques partout. Mais il y a un symbole positif qui s’affiche sur les fenêtres : L’arc en ciel.

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Le positif

Il est temps de penser un peu au positif. Car je suis sûre que cette situation finira par en apporter. D’ailleurs, elle l’a déjà fait. Vous avez vu les eaux claires de Venise, les dauphins et les requins sur les plages, les biches dans la rue, le ciel bleu en Chine ? Pour moi, c’est une première leçon que l’on doit apprendre. On a écrasé la nature pendant trop longtemps, à tel point, qu’elle est arrivée à saturation. Maintenant, on inverse les rôles et on se rend compte à tel point on est heureux de voir ces images. Car on avait oublié, où car on était trop occupé par notre train-train quotidien. J’espère donc, que l’on va tous faire un effort pour la planète. Qu’on va réfléchir un peu plus à notre action sur elle, et lui laisser plus de place. 

Ciel bleu

J’espère que le manque de moyens va apporter autre chose, à savoir la production locale et la reconnaissance à la juste valeur de chaque métier. En cette période de crise, les métiers les moins valorisés normalement sont ceux dont on a le plus besoin. Les équipes médicales font face à cette crise sans aucun moyen, mais ils se battent quand même pour nous sauver. À chaque fois que je vais en course la boule au ventre, je me dis qu’il y en a qui font ce trajet chaque jour et qui reste toute la journée. Alors je pense à eux, et j’essaye toujours d’avoir un mot pour leur exprimer mon soutien. J’espère qu’a la fin de cette histoire, on en ressortira plus unis. Qu’on formera un tout car on aura connu cette période sans contact, tout seul chez nous. Parce qu’on a souvent tendance à rester tous dans notre bulle. 

J’ai espoir et je me dis que pleins de belles choses vont arriver. Cela va être très dur, et ça l’est déjà, mais on en ressortira grandis et changé. Tout ce qui compte, c’est qu’à la fin, tout le monde aille bien et soit ensemble. Au Québec, le symbole, c’est l’arc-en-ciel et la phrase “Ça va bien aller” et ça me donne le sourire quand je les vois lorsque je sors. C’est beau de se soutenir comme ça, et j’espère que ça restera après le confinement. Il faut y croire en tout cas, et essayer de penser à la suite de manière positive. Un jour, tout va rentrer dans l’ordre, bien sûr ça ne sera jamais plus comme avant, mais ça reviendra.

ca va bien aller

On donnerait tous beaucoup pour revivre certains moments. Profiter du beau temps, sortir de chez soi. La gratitude. Apprécier les choses simples. Boire un verre en terrasse. Aller voir les feux d’artifices. Sentir la brise dans ces cheveux. Marcher pieds nus sur l’herbe ou sur le sable. Manger une glace. Passer la main à travers la fenêtre de la voiture. Faire la fête. Jouer au badminton au parc. Voir ses amis. Partir en voyage. Manger dans son restaurant favori. Aller à un concert. Pédaler dans les rues de la ville. La chaleur du soleil sur la peau. Retrouver nos endroits préférés de Montréal. Se faire de nouveaux souvenirs. Revoir notre famille. Se baigner.  Aimer la vie. Aller de nouveau au bureau. Le sentiment du vendredi. La mélancolie du dimanche soir. Parler aux inconnus dans la rue. Plus de vitres entre nous. Plus de masques entre nous. Qu’on puisse de nouveaux tous se serrer dans les bras. Je ne doute pas qu’on va ressortir de là en appréciant de fois plus tout cela. On se rendra enfin compte de la chance que l’on a d’être libre, tout simplement. Et on ne le prendra plus pour acquis.

Ça va bien aller. Tout irait bien. Prenez bien soin de vous et de vos proches, c’est important.

On se dit à bientôt.

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Comments:

  • CAPELLE Céline

    20 avril 2020

    Bonjour,
    Je lis vos articles depuis plus d’un an maintenant (je les attends toujours avec impatience 😊). Mon conjoint et moi-même sommes arrivés à Montréal en juin 2019, puis nous sommes partis nous installer sur Sherbrooke. Je me reconnais dans beaucoup de vos mots. Ma famille me manque, nous devions avoir plusieurs visites en mars et en avril, et tout cela a été annulé. Le temps sans eux me paraît long et l’inquiétude est difficile à gérer. Ma sœur qui est infirmière en France a été testée positive au coronavirus, avec une importante détresse respiratoire. Elle va mieux aujourd’hui, mais je ne sais plus quoi faire. Partir ou rester? Vous expliquez parfaitement tout ce qui peut nous passer par la tête et ça me rassure de savoir que finalement, c’est normal d’être perdue…
    Bon courage pour la suite et merci de nous partager un bout de votre vie. Vous n’imaginez pas la valeur de vos articles quand parfois on se sent découragés…🙏

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  • 25 avril 2020

    Courage à toi dans cette épreuve.
    Le confinement est aussi dur à vivre de l’autre côté de l’Atlantique, surtout quand tu prépares ton arrivée au Canada depuis plus d’un an… On a de la chance d’avoir reçu une prolongation de 90 jours, mais on reste pessimiste quant à la possibilité de pouvoir nous rendre au Canada avant le 9 juillet…
    Les journées sont longues et à la fois le temps passe vite, “déjà” 40 jours depuis la mise en place du confinement ici et une toute nouvelle routine qui s’est installée.. Même si à de nombreuses reprises nous nous sommes dit “là on aurait du chiller dans les différents quartiers de Montréal pour voir ce qui nous aurait plus”, “là nous aurions du profiter d’un spa pour offert pour mon anniversaire”, “là arriver à Québec” etc.
    Mais nous sommes en bonne santé et notre famille et nos proches aussi, c’est le principal dirons nous.
    Espérons qu’on voit la fin de toute cette catastrophe au plus vite.. Qu’on sorte vite la tête de l’eau pour pouvoir continuer de vivre nos rêves jusqu’au bout 🙂

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