Bonjour à vous,

J’ai beaucoup hésité avant de faire cet article, j’avais peur de ne pas être prête à en parler. À vrai dire, je crois que je ne le suis toujours pas, mais j’espère au fond que ça me fera du bien d’écrire. Je n’ai pas été présente ces derniers temps pour une raison particulière. J’ai décidé d’enfin vous dire la vérité.

En parler, oser poser des mots sur ce qui vient de nous arriver. On dit que la première étape d’un deuil est le déni, et j’ai l’impression que ça fait un mois que je suis dedans. Parfois, on en parle et on se demande si c’est normal. Puis, on finit par se dire que ça l’est au vu de la situation. 

J’ai toujours aimé écrire, mais au-delà de la narration, écrire est mon moyen de communication favori. Quand j’ai du mal à dire quelque chose, j’écris une lettre ou un message à la personne. Si j’ai besoin de me souvenir, j’écris. Lorsque je vais mal, j’écris. Ah oui, j’ai oublié de vous le dire, mais cet article serait certainement une fois de plus brouillon. J’ai le cœur trop lourd et l’esprit brumeux pour avoir envie de le relire pour l’instant. J’espère que vous comprendrez.

Il y a quelques semaines, je vous parlais justement de mon ressenti pendant ce confinement. De ma frustration de voir mon PVT défilé en étant enfermé chez moi. Si j’avais su…

À peine deux semaines plus tard, une terrible chose s’est produite. Nous avons perdu l’une de nos proches expatriée ici avec nous. Tout a été très vite, trop même. À peine le temps de réaliser ce qui venait de nous tomber dessus, qu’il fallait faire toute la paperasse, toutes les démarches. 3 expatriés à l’autre bout du monde avec un chagrin terrible et des bras trop légers pour tout porter. On s’est serré les coudes, on a fait notre maximum pour tout faire correctement, pour aider rien qu’un peu à soulager le poids de cette perte. Comme on a pu avec une pandémie qui empêche quiconque de voyager même dans ce genre de situation extrême. Je voyais les arcs-en-ciel, et les “ça va bien aller” partout, et c’était tellement ironique. La seule chose que je me répétais, c’est que ça n’allait pas aller, que c’était impossible qu’une telle chose se soit produite. Tellement difficile de croire qu’une personne de 29 ans peut partir aussi vite…

En même pas 48h, notre aventure ici était remise en cause. Je sais que la communauté que j’ai créée ici est bienveillante, mais je préfère tout de même le préciser. Pas besoin de juger notre décision, ou de le voir comme un échec, car ça n’en est pas un. Ce choix a été mûrement réfléchi et il s’avère plus que nécessaire. Vous l’aurez compris, nous avons pris la décision de rentrer en France. Comment ça s’est fait ? Le besoin de voir nos proches dans un premier temps, d’être auprès d’eux pendant cette période difficile.

Et puis, à cause du fait qu’on se voyait tous les week-ends (avant le confinement). C’était une personne beaucoup trop importante dans notre expatriation, comment continuer sans elle, sans eux ? Impossible pour nous. Et aussi difficile d’avoir autant de souvenirs partout. On sait qu’un jour ça sera moins douloureux, mais pour le moment, c’est encore trop frais.

Je pense que le corona a aussi changé beaucoup de choses. J’ai discuté avec certains/certaines d’entre vous et nous sommes pas mal à rentrer en France finalement. Bien sûr quand on s’expatrie, on sait pour quoi on signe. On sait que s’il arrive quoique ce soit, on ne pourra pas forcément être auprès de nos proches. Mais on n’avait pas prévu la pandémie, et encore moins le fait que le pire nous arriverait. Ce n’est pas le genre de choses auxquelles on veut penser lors d’une aventure comme celle-ci. Maintenant, on sait qu’on veut être avec nos proches, qu’on ne veut plus être aussi loin. C’est notre décision, et notre avis personnel encore une fois. Nous avons vécu quelque chose de trop difficile pour vouloir continuer seuls ici.

Je ne sais pas ce que le blog va devenir. Je parlerais des démarches de retour, de mon ressenti, je ferais un bilan de notre expatriation bientôt. J’ai prévu pas mal d’articles pour aider les expatriés qui souhaitent rentrer au pays. J’ai de nouveau envie et besoin d’écrire. Mais c’est sûr que je ne serais plus une pvtiste au Canada. Je vais quand même continuer, car j’ai encore des idées et je vais aussi aborder notre retour en France et comment tout ça se passe. Pour la suite, on verra. Je sais que vous étiez nombreux à me suivre pour le côté PVT au Canada, mais j’espère que vous continuerez quand même pour ma personnalité et moi tout simplement.

Enfin, je voulais dire un grand merci pour les messages que j’ai reçu. Les expatriés sont une grande famille, et on se soutient tous les uns les autres. C’est tellement important quand on est loin de tout. J’ai reçu beaucoup de bienveillance et d’amour, des messages de personne qui voulait simplement prendre des nouvelles et qui m’ont réchauffé le cœur. En arrivant au Canada, je ne pensais pas que le blog deviendrait ce qu’il est, et surtout que je serais aussi entourée de cette manière-là.

La suite ? J’en parlerais bientôt sur mes réseaux, je pense. Nous n’avons pas encore de date précise pour le moment. mais notre retour se fera certainement dans la semaine du 22 juin. Je vais garder mon travail d’ici à temps partiel depuis la France jusqu’à la fin de mon pvt en septembre, et nous allons habiter chez ma mère quelque temps. Le temps de se remettre, de puiser de l’énergie et de l’amour auprès de nos proches. Et puis, on commencera notre nouvelle vie.

Maintenant, on a une étoile de plus au ciel qui veille sur nous. Je ne veux pas la décevoir, je lui dois de sourire et de rire, car c’est ce qui la représentait le mieux. J’ai encore envie de pleurer quand je pense à elle, mais je sais qu’un jour, j’y repenserais avec un sourire nostalgique et que ça me mettra du baume au cœur. Je garde précieusement tous nos souvenirs, nos aventures, nos fous-rires et nos soirées. Je garde aussi son grand sourire, et sa positivité. Toujours les bons mots pour relativiser. C’était un peu notre maman pendant cette expatriation, toujours à prendre soin des autres. Je vous souhaite à tous d’un jour connaître une personne aussi extraordinaire. La mienne est partie beaucoup trop tôt et elle me manque déjà terriblement. Prenez soin des gens que vous aimez, et dites-leur, c’est tellement important. 

Plus rien ne sera comme avant, on le sait déjà. Comment réaliser tout ce qu’il nous ai arrivé pendant ces deux ans et surtout ce dernier mois ? Difficile de terminer cette expérience de cette manière-là, mais on en a besoin. Malgré tout cela, je vous assure que je conseillerais encore à n’importe qui de vivre un pvt au Canada, ou ailleurs dans le monde. Ça m’a appris tellement. Si je devais recommencer, je le ferais 100 fois. Mais vous le lirez sûrement plus en détail dans mon bilan d’expatriation.

Voilà, c’est dit. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens un peu soulagée. J’ai enfin eu la force de l’écrire, de mettre des mots sur ce qu’il s’est passé, et d’annoncer notre décision. Je ne voulais plus le cacher, j’avais besoin que ça sorte. 

Merci encore une fois pour tous vos messages, vos inquiétudes et votre bienveillance. Je vous devais aussi d’être sincère.

On se revoit bientôt, promis.

Prenez soin de vous et de vos proches.

Wendy